We first met in a dream at the prophetic Hotel France-Amériques. A grandiose party was being held to mark the anniversary of the moon landing, with festive Parisians and renowned artists rejoicing in the euphoric fever of a newfound spring. As the evening drew to a close, we succumbed to the magnetic forces of the moon, drunk with pleasure, champagne, sensory and musical experiences, near an endless, brilliantly white grand piano. We found ourselves caught in a whirlwind of joyful voices and extravagant beings. Charles struck up a conversation on the potential power of the voice and the physical experience of singing, before Chase vanished like a firefly into the night.

The only tangible trace of our meeting was a business card found two days later in Charles's back pocket. A drink on a terrace with no prospects, each of us still tied to another shore and sworn to secrecy, an invitation to participate in a riverside mural project, followed by an invitation to the Avignon theatre festival. Butterflies began to flutter as we spent our first hours in the darkness and emotional intensity of theaters, a first lunch on a terrace blessed by the overpowering divine energy of the Popes' Palace. One of us leaves the sacred city, the other stays, anxiously waiting on the platform of the train station for a kiss that came, a few days later, on a Parisian rooftop.

We returned to Avignon a few months later to spend our first night together, in a legendary cloister, under the benevolent gaze of plane trees pruned to raise their branches in prayer. Our mutual joie de vivre, thirst for culture, knowledge and adventure, our passion for theater, our love of beauty in nature and in art, culminating with our sense of the sacred... the universe conspired to intertwine our lives, our bodies and our souls.

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Nous nous sommes rencontrés la première fois dans une rêverie, un lieu singulier au nom prémonitoire d’hôtel France-Amériques. Il s’y donnait une fête grandiose, où se croisaient dans l’allégresse du printemps retrouvé les tribus industrieuses et bambochardes de Paris. Abreuvés de plaisir, de champagne, d’expériences sensorielles et sonores, nous fîmes connaissance alors que la soirée touchait à sa fin, près d’un interminable piano à queue d’une blancheur éclatante. Une horde joyeuse, traversée de personnages extravagants, chantait à tue-tête, nous nous retrouvâmes, pas tout à fait par hasard, l’un à côté de l’autre. Une conversation s’engagea sur la voix, l’expérience physique du chant, le temps d'une étincelle.

Chacun repartit de son côté, intrigué, sans rien savoir de l’autre, avec pour seul souvenir tangible de notre rencontre une carte de visite trouvée deux jours plus tard dans la poche arrière d’un pantalon. Un verre en terrasse sans lendemain, chacun encore arrimé à un autre port et n’en pouvant rien dire, une invitation à se joindre à la création d’une fresque au bord de l’eau à quelques encablures de Paris, à laquelle répondit une autre invitation, à Avignon, en plein festival. Premières conversations poussées, premières heures partagées dans l’obscurité des salles de théâtre, premier déjeuner en terrasse à l’ombre du Palais des papes, quelque chose se passe qui ne se dit pas encore. L’une part, l’autre reste, nous nous séparons sur le quai de la gare sur un point d’interrogation, un baiser au bord des lèvres, qui viendra, quelques jours plus tard, sur les toits de Paris.

Nous reviendrons à Avignon quelques mois plus tard pour notre première nuit, dans un ancien cloître, sous le regard bienveillant de platanes taillés pour élever leurs branches en prière. Le plaisir de la fête, la soif de culture, l’envie d’apprendre et de découvrir, l’amour du théâtre, le goût du beau dans la nature comme dans l’art, le sens du sacré, tout complotait à mêler nos vies, nos corps et nos âmes.